La persistance de l’action humanitaire freine le développement local au Nord-Kivu

Le domaine de Développement et Actions Humanitaires de notre alma mater, Université Catholique la Sapientia Goma, a abreuvé la crème intellectuelle par une conférence le samedi 13 août 2022 dans la salle Multi culturalité.

« Développement local face à la crise humanitaire prolongée. Défis et opportunités du triple nexus dans le contexte du Nord-Kivu » tel est le thème qui a fait objet de cette rencontre scientifique. Le Professeur Jules KATSURANA et l’activiste de droits humains Madame Passy MUBALAMA étaient intervenants principaux.

Durant les premières minutes de son intervention, le Dr Jules KATSURANA a expliqué que le concept développement local est une sous approche du développement durable. Ce dernier à la suite de plusieurs critiques est admis comme un processus économiquement durable où l’on doit produire actuellement pour satisfaire nos besoins sans bloquer la possibilité de générations futures à produire et satisfaire leurs besoins de manière sociale et juste.

« Certes avec plus de 25 ans de persistance, l’action humanitaire freine le développement local du Nord-Kivu ». Pour sortir de cette inclinaison le Dr Jules KATSURANA demande aux étudiants de traiter dans leurs travaux de tels sujets d’actualité pour éclairer non seulement la science mais aussi les acteurs de terrain.

Autant qu’enseignant, il propose aussi le triple nexus pour s’émouvoir de cette activité humanitaire de longue durée qui freine le développement de capacités individuelles, la croissance de la culture du volontariat et la fuite de responsabilité dans l’agir de certaines autorités. Notons que « le triple nexus » est un principe qui découle du forum humanitaire d’Istanbul en 2016. Il vise un travail d’ensemble pour produire de résultats. Les acteurs de paix, de l’humanitaire et de développement y sont conviés pour une action commune.

Madame Passy MUBALAMA, de son côté, renseigne que les conflits qui impliquent l’action humanitaire affectent à la fois les hommes et les femmes de façon différente. « Pour les femmes, les violences basées sur le genre non seulement le viol sont enregistrées pendant que la plupart des hommes souffrent psychologiquement et physiquement de la perte du pouvoir de subvention aux besoins de leurs ménages » a-t-elle insisté.

Les enfants ne sont pas du reste, à titre exemplatif, l’an 2018 Madame Passy MUBALAMA a mené une grande enquête au niveau provincial sur l’exploitation sexuelle des enfants sur les différentes zones d’intervention. Selon ce rapport intitulé « Une enfance volée par les trafiquants de sexe », les enfants de 12 à 13 ans sont victimes des abus et exploitations sexuelles qui traumatisent toute la vie de ces enfants. Vingt ans après, quel genre d’adulte aura notre région après une enfance volée, violée, trafiquée par le sexe de survie et non une éducation scolaire s’interroge l’activiste de droits humains ?

Tout comme son prédécesseur, Madame MUBALAMA souligne que, c’est possible que les actions en termes de développement local soient menées via des projets locaux de renforcement des mécanismes communautaires. Cependant, les activités pareilles font face à l’attentisme de communauté parce qu’elles ont été habituées à l’aide humanitaire.

Différentes questions et suggestions des étudiants et autres curieux qui ont pris part à cette conférence ont enrichi les échanges, tous tendant à ce que la coutume de l’engagement volontaire s’installe dans chaque communauté locale pour plus de résultats du développement durable. Bonne quête aux acteurs de développement pour traiter les causes profondes et non les conséquences de la crise humanitaire.

Cellule de communication

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